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 •• Back in your head | Sadie & Garry ••

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Captain Awesome
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MessageSujet: •• Back in your head | Sadie & Garry ••   •• Back in your head | Sadie & Garry •• EmptySam 4 Fév - 17:44



« Ne lui dis pas que j’ai passé des heures à le préparer » Iris a dit en me tendant un plat. Et elle a vu que je me demandais pourquoi, c’est à mes yeux qu’elle a répondu « Sadie n’a pas besoin qu’on ait pitié d’elle. Ma Sadie, je passerai la voir ce soir. » Et elle a hoché la tête avec vigueur ; Oui, elle irait. Une ombre est passée devant ses yeux, comme s’ils se voilaient. Ça m’a serré le cœur, elle était ailleurs. Son regard est revenu sur mon visage, au bout de quelques secondes où j’ai rien su dire, rien su faire. Elle l’a laissé tomber sur mes bras. « Mais donne-lui ça, et dis-lui que tu l’as pris pour elle. Que c’était ton idée, pas que j’ai passé des heures à le cuisiner. » Et puis elle m’a regardé. Ça m’a troublé, la façon dont elle l’a fait. Elle m’a regardé avec une douleur qui la prenait de plus en plus souvent. C’est quand elle a posé une main sur sa bouche, que j’ai compris. J’ai voulu lui promettre de ne jamais mourir. J’aurais aimé, tellement, pouvoir lui dire.

Mais je sais pas mentir. Alors j’ai juste posé un baiser sur sa joue. « Ça ira Maman » j’ai dit, comme tous les jours depuis longtemps, maintenant. Ça m’a bouffé le cœur de voir tant de pudeur dans son chagrin. Y a des promesses que j’aurais aimé faire, des tas. Des secrets que j’aurais voulu inventer, par milliers. Si elle savait.
Je voulais pas la laisser, mais elle m’a dit d’y aller. « File » elle m’a dit en français. Feel, j’me suis dit. C’était pas compliqué. Je fais que ça, depuis que je suis né. J’ai souri des mots qu’elle comprendrait. « Je t’aime » je lui ai dit. Et ça l’a faite craquer. Je l’avais dit en français, j’aurais pas du et je m’en suis voulu. Mais elle souriait alors ça m’a soulagé. Elle a embrassé mes cheveux et elle m’a poussé jusqu’à la porte d’entrée, ses mains sur mes épaules.

Dehors, y avait mon père qui coupait le gazon. « Daidí ! » j’ai appelé par-dessus de bruit de la machine. Il l’a coupée et m’a regardé, des cheveux lui tombant sur les yeux. J’ai toujours adoré les cheveux de mon père. C’est ma référence capillaire. « Riachtanais sí leat... » j’ai dit, sans regarder Iris. Elle a besoin de toi. Il a sourit un amour triste, quand il a compris. Elle était là, sur le pas de la porte où je l’avais laissée. Ses bras repliés sur sa poitrine qu’elle a ouverts, immenses, pour que mon père vienne s’y loger. Quand il a refermé la porte, c’est à peine si je l’ai entendue pleurer.

    « Bonjour Sadie. Iris vous a encore fait à manger. »

J’essaie pas de mentir, je sais pas faire. Et puis Iris se donne du mal pour nourrir les Hope autant qu’elle s’occupe de nous. Je souris. C’est ma Maman, nourricière d’espoir. Je lui tends le plat avant qu’elle ait eu le temps de parler. Il est pas lourd, j’me dis, elle pourra le porter. Ça me tue, de la voir si changée. Il a l’air de faire sombre chez elle, je vais tout allumer. J’ai tellement de choses à lui raconter. Il fait chaud devant sa porte d'entrée.

    « Tiens, je suis pas sur de ce que c’est, mais ça sent bon. Et elle va passer ce soir alors ne pense même pas à ne pas y manger. Elle saura. Un jour j’ai donné mon dessert au chien, et elle a deviné. Peut-être parce qu’on avait pas d’animaux… Je peux entrer ? Il faut qu’on parle affaire toi et moi. »

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Pandora
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MessageSujet: Re: •• Back in your head | Sadie & Garry ••   •• Back in your head | Sadie & Garry •• EmptyJeu 9 Fév - 18:34

La lumière perce le voile des rideaux tirés. J’étire mon bras, à la recherche de quelqu’un, de quelque chose à quoi m’accrocher. Mes doigts se referment sur les draps abandonnés que je froisse d’un désespoir troublant. Le sommeil s’est fait l’absence de toute conscience. Pour la première fois depuis, j’ai dormi. Quelques heures de noir total dans le gris de mes jours. Mes muscles protestent le repos auquel ils n’ont pas eu droit depuis. Je combats de cette force accumulée de ne pas avoir pensé durant un temps, les souvenirs qui menacent de m’emporter. Ces fragments d’une autre vie avaient étés oubliés par mon corps enseveli sous la poussière. Je revois la beauté du ciel d’été, alors que le soleil se couchait à travers les arbres. Ma tête sur l’épaule de Johnny, dansant avec le sommeil, lovés sur la balançoire de la véranda. Les merveilles d’un avant tout aussi possible que maintenant. Une histoire dont j’aimerais me bercer quand je me sens faillir, quand ma volonté quitte le navire. Le temps de brouiller l’horreur de la réalité. Mes lèvres son sèches de mon amour envolé. Mon bras tâtonne à la recherche d’un peu d’eau. L’absence d’un simple verre, ma main qui se referme dans le néant. L’éternelle bataille entre ma vie et sa mort. Pas de cris, pas de larmes, la simple fatalité au sourire désolé. Mes doigts se nouent au drap pour ne pas trembler.

Mes pieds sur le parquet glacé. Un frisson des hivers oubliés. Ces temps lointains rythmés par les jours de neige passés près du feu, à se murmurer des sottises à l’oreille. Rêvant d’une famille et d’enfants. Les saisons de ma vie d’avant. J’ai oublié le printemps tout juste effacé. Je ne peux me rappeler l’automne. Les feuilles orangées suspendues dans l’atmosphère. Une saison que j’ai aimée d’un bonheur d’enfant. La rentrée scolaire et l’excitation d’une nouvelle cohorte, le plaisir de revoir les anciens. Dans ces murs qui ont gardé le goût de mes plus belles années.

Mon corps couvert d’un gilet de laine et d’un jean trop peu porté, est habillé d’autre chose que de ma peine. L’idée m’étrangle. Quelques heures de sommeil sans rêves pour aligner mes idées. Je fonctionne aujourd’hui sur une fréquence d’antan.

La porte entre en contact avec quelque chose, quelqu’un, je suppose. Et le son résonne jusqu’à mes oreilles. De quoi me pousser jusqu’à la porte. Poignée en main, je me laisse envahir par le monde extérieur.

« Bonjour Sadie. Iris vous a encore fait à manger. »

Un accent doux à mes oreilles accompagne son sourire sincère. Garry, tout en lumière, en jeunesse, me tends un plat fait avec amour. Par ma voisine, amie, que je vois trop peu, mais qui de sa fenêtre voit mon corps amaigri par la mort. Je me vois attendrie, qu’elle pense encore à prendre soin de moi, alors que j’ai abandonné depuis longtemps. Mes bras serrent la casserole, sachant que John y goûtera sans faute ce soir, lui qui sait comment continuer de vivre, malgré l’ancre que je suis dans sa vie.

« Tiens, je suis pas sur de ce que c’est, mais ça sent bon. Et elle va passer ce soir alors ne pense même pas à ne pas y manger. Elle saura. Un jour j’ai donné mon dessert au chien, et elle a deviné. Peut-être parce qu’on avait pas d’animaux… Je peux entrer ? Il faut qu’on parle affaire toi et moi. »

Et Garry entre, lui qui connaît la maison par cœur. Mon cœur se serre, alors que j’ai le souvenir de quatre petites têtes d’enfant qui disparaissent derrière le coin d’un mur. Quatre vies changées à jamais. Nous non plus, on a jamais eu d’animaux, mais Timmy n’en avait pas besoin, il y avait Jimmy qui passait le plus clair de son temps ici. Un meilleur ami, ça vaut tellement plus que n’importe quel animal à quatre pattes. Mon cœur s’illumine d’une étincelle, alors que je pense à mon ami, celui qui a du chien, il ne serait probablement pas d’accord, celui là. Je dépose le plat au froid. Mon âme déchirée remercie tendrement Garry de ne pas faire attention à tout ça. De me parler comme si j’étais toujours vivante, comme si rien n’avait changé. Je m’accoude sur l’ilot de la cuisine, évitant le salon depuis la venue de Jimmy. Tu peux t’asseoir, tu sais, c’est un peux chez toi, ici.

« Tu penseras à remercier Iris pour moi, c’est elle qui nourrit John depuis des mois. De quoi tu voulais me parler ? »

Et je tente une ébauche de sourire, réalisant avec stupeur que j’y arrive sans tomber en morceaux. C’est une première, Garry. C’est un bon jour, qu’est aujourd’hui. Et je me dis que j’ai envie de l’écouter me parler du monde extérieur, de cette vie qui s’enfuit comme les grains dans un sablier. Alors dis-moi, elle est comment la vie ?
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Captain Awesome
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MessageSujet: Re: •• Back in your head | Sadie & Garry ••   •• Back in your head | Sadie & Garry •• EmptyLun 3 Sep - 0:12



Je regarde Sadie qui en retour me voit pas. Elle me voit plus depuis des mois. Dix-huit, pour être exact. Elle se souvient de mon visage, noyé dans une mer de douleur et ça suffira pas, ça suffira plus à lui redonner ce que j’ai un jour été pour elle. C’en est fini de Garry, le môme d’à côté. Je suis l’ami de son fils mort et toutes les fibres de mon corps sont rattachées à son cadavre. Son cadavre. Je suis content de lui tourner le dos, j’ai le temps de presser fort mes phalanges contre mes yeux pour chasser deux ou trois douleurs qui y sont cachées.

J’entre chez elle et j’sais plus par où commencer. Y a son visage partout et je suis en train de le voir, là, en bas des escaliers tenir une BD. C’est con, il a même pas six ans, il comprend pas tout ce qu’il lit. Mais ce jour m’a marqué, parce qu’il était adossé contre le mur et que son épaule dessinait une ombre qui lui ressemblait presque pas. C’était lui, mais en plus grand. Un adulte, déjà ? Et maintenant, il ne sera jamais plus grand que ça. Il est sur le canapé à rire en changeant de chaine pour que les personnages de différentes séries se parlent entre eux. « C’est la victime ? » demande un flic. ksshh. « Non, un jupon de ma grand-mère. » répond une femme en relooking. ksshh. « Je veux le même ! » lance Bruce Willis. Ça pouvait nous prendre des heures. Et quand ça marchait plus, on coupait le son et les doublait nous. Ou on dessinait une moustache sur l’écran et on buvait dès qu’elle se calait sur le visage de quelqu’un mais ça, c’était y a pas longtemps. C’était hier, j’en suis sûr. Il en rit encore. On est encore ivres et on va se réveiller, ça devrait plus tarder.

Je souris à Sadie qui me voit plus vraiment. Je suis devenu une chose étrange qui relie une vie d’avant avec celle qu’on est forcés de toucher, chair à vif, le cœur dehors. Un lien malheureux entre ce qu’elle avait et le souvenir qu’elle ne l’aura plus. Mes yeux tournés vers le plafond papillonnent des larmes rageuses hors de moi, je veux pas qu’elle les voit mais putain, ce qu’elles font mal. Elle se souvient pas de moi, mais du chagrin que j’apporte en passant sur son porche. Je suis plus le fils des voisins mais le deuil adolescent de son gamin qui me manque aussi et qu’elle doit m’imaginer pleurer la nuit. Etre fort devant elle. J’essaie mais j’le suis pas et le plafond a jamais paru aussi passionnant.

    « Tu penseras à remercier Iris pour moi, c’est elle qui nourrit John depuis des mois. De quoi tu voulais me parler ? »


Mes yeux arpentent ses joues creuses, son cou frêle et toutes les fissures qui tailladent sa peau, là où la nourriture ne tient plus, parce qu’on n’en veut pas. Parce qu'y a des moment où on peut plus. Qu'on s'épuise, que manger devient la dernière de nos priorités et qu’on s’en veut de devoir le faire pour pas crever quand lui a pas eu ce choix. On pourrait aussi bien ne plus jamais toucher à un bout de pain de notre vie mais on commence à s'y remettre pour faire plaisir à un proche inquiet puis on se dit que ça suffit. « J’ai pas faim. » on répète plus de fois en une semaine que pendant tout le reste de notre vie. On a pas le temps, on a pas envie. Y a des carences qui importent plus que celles de notre ventre. On sait que ça reviendra mais on se demande quand même ce que les autres trouvent à ces choses qui nous écœurent. On n’a pas le cœur, pas la trempe d’y goûter encore.

« Qui nourrit John » elle a dit. Et j’aimerais souffler un baiser sur ses joues pour qu’il les gonfle, caresser ses épaules pour qu’elles redeviennent rondes et frotter, frotter, frotter mille poèmes sous ses yeux blêmes. Mon cœur se déchire quand elle sourit un peu, tirant sur mes propres lèvres qui n’en reviennent pas. Je me redresse, revigoré par sa chaleur et les efforts de son corps qui reste là, face au mien qu’elle cherche à reconnaître en vain. Je suis le môme qui jouait avec son fils.

    « Hum, d’un truc qui est arrivé à une fille de l’école. Je vais nous faire du thé pendant que tu m’écoutes, Iris m’a donné quelques biscuits exprès. C’est un peu tôt mais c’est l’heure du thé en Irlande alors tu peux pas me le refuser. J’étais avec James Davids, l’autre fois - enfin Monsieur James, ton James – et il m’a dit d’essayer de passer la matinée avec le corps de quelqu’un, c’était un exercice, comme ça. J’ai dit que je le ferai, parce que ça me plait de bosser les cas du boss. Et j’ai choisi cette file, elle s’appelle Lilith, tu te souviens d’elle ? Pas très grande, des longs cheveux bruns, des grands yeux verts et un cœur gros comme ça. Elle invente tout le temps des trucs, surtout s’ils sont pas pour elle. Et bien tiens-toi bien : elle a une sœur jumelle ! J’aurais pas du commencer par ça, je voulais le garder pour la fin, merde… tu veux un sucre ? »

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Pandora
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MessageSujet: Re: •• Back in your head | Sadie & Garry ••   •• Back in your head | Sadie & Garry •• EmptySam 13 Avr - 4:04


Mon reflet est fané. Les yeux de Garry me renvoient cette image. Le miroir d'une femme qui n'a plus la force de rêver. J'avais eu l'impossible folie de saisir la grandiose tâche d'élever nos héros. Que des enfants trop grands pour le monde. Que des coeur trop fragiles pour un entourage si éphémère. J'ai eu la preuve qu'à se croire si grands, haut dans les cieux, on finit par croire qu'on a la force des dieux. Que l'immortalité nous protègera, nous et ceux qu'on aime, simplement parce qu'à faire le bien, on le mérite. Timmy le méritais. La vie est une fausse croyance. Ce pouvoir de décider n'est qu'une illusion. On nait et on meurs dans le chaos, comme si rien ne pouvait faire pencher la balance. Le sable s'écoule sans que jamais l'humanité ne puisse en retourner le sablier. Je souffle sur la cendre qui bloque mes artères. Le feu depuis longtemps éteint. Mes membres sont ceux d'un pantin que la survie fait tournoyer au bout de ficelles. J'explore ma boîte en carton sans avoir le loisir d'en sortir. Cette zone où le confort tient ensemble mes blessures à ciel ouvert. Vient Garry et la raison de sa visite. On ne visite pas les femmes tristes dans le but d'assister au spectacle, le but est là, quelque part, jamais bien loin.

« Hum, d’un truc qui est arrivé à une fille de l’école. Je vais nous faire du thé pendant que tu m’écoutes, Iris m’a donné quelques biscuits exprès. »

Je souris, certaine que Garry ne réclamerait jamais rien pour lui-même. Il a tout prévu comme les aventures follement romanesques qu'il vivra sous une autre apparence, rien n'était trop délirant pour cet adolescent au coeur en technicolor. Il connaît les tiroirs de la cuisine comme le fond de sa poche. Ayant exploré tous les recoins de cette maison dans une cacophonie de rires enfantins qui peuplent encore les tissus et le bois, rendant si difficile ce qu'ils attendent de moi. Le monde souhaite que j'avance à nouveau, mais ils ne voient pas qu'on m'a coupé les deux jambes quand j'ai perdu Timmy.

« C’est un peu tôt mais c’est l’heure du thé en Irlande alors tu peux pas me le refuser. J’étais avec James Davids, l’autre fois - enfin Monsieur James, ton James – et il m’a dit d’essayer de passer la matinée avec le corps de quelqu’un, c’était un exercice, comme ça. J’ai dit que je le ferai, parce que ça me plait de bosser les cas du boss. »

Mon coeur scintille d'un intérêt qu'il croyait impossible. James, mon James. Le Thé, les impossibles missions de mon compagnon. Avec James, tout doit être vécu, ressenti, pour avoir de la valeur. L'expérience vaut le meilleur des instinct, et l'instinct c'est précieux, parce que personne n'en a autant que lui. '' Le Boss '' fait un merveilleux résumé de cette âme qui me manque. J'inspire un souvenir de mon ami, espérant que pour une seconde, il m'habite. James, qui a senti que j'avais besoin d'être seule comme il sentira qu'il me manque plus que raison. Qui aurait cru que les histoires les plus formidables ne sont pas des histoires d'amour.

« Et j’ai choisi cette file, elle s’appelle Lilith, tu te souviens d’elle ? Pas très grande, des longs cheveux bruns, des grands yeux verts et un cœur gros comme ça. Elle invente tout le temps des trucs, surtout s’ils sont pas pour elle. »

Un visage émerge d'une autre vie. Un espoir plus grand que les autres. Une demoiselle comme il n'en existe que trop peu. Si je me souviens ? Garry, je me souviens de chaque élève qui a passé les portes de Savior High durant mon ère. Chacun d'eux a une place quelque part dans les morceaux de mon coeur déraciné. Ils sont les points fixes du monde qui a continué de tourner sans aucun regard pour ma perte. Comme cette demoiselle à l'imagination plus grande que le monde peut en contenir. En quelques mots, Garry a peint l'essentiel.

« Et bien tiens-toi bien : elle a une sœur jumelle ! J’aurais pas du commencer par ça, je voulais le garder pour la fin, merde… tu veux un sucre ? »

J'attends le rire qui devrait sortir de ma gorge, mais il y reste coincé. Je tente de tendre les lèvres dans quelque chose qui aurait pu être un sourire. Cette étrange conception qu'a Garry d'une conversation me laisse croire que certaines choses ne changent pas. Que malgré tout, on peut encore s'en faire pour les autres. Que peu importe à quel point on a été blessés, ça n'est jamais la fin. Je hoche la tête, non, pas de sucre, les douceurs qui roulent sous la langue laissent ensuite mes sens être la proie de l'âcre vide que je ressens.

« Je me souviens. »

Je me souviens et c'est le problème. Si je pouvais oublier, je serais ridiculement sereine, pathétiquement comblée, incroyablement euphorique. Ce qu'on a perdu nous fait souffrir quand il est impossible à retrouver. Je le sais, mais je me souviens quand même.

« Et cette jumelle, Garry. C'est d'elle que tu viens me parler, pas vrai ? »

On appellera ça l'instinct maternel d'une mère qui n'a plus d'enfant. Comment décortiquer les interrogations enfantines d'un gamin qui passe par tous les chemins. Garry aura toujours cette façon inexplicable de vivre le meilleur de chaque chose, comme si l'enfant en lui avait le dessus sur l'adulte à en devenir. C'est admirable, de le faire sans s'en apercevoir. Parle-moi, tes mots font revenir à la vie ce passé auquel je tente d'échapper. Il m'échappe parce qu'il y a les empreintes de Timmy à travers ces moments, comme il était partie intégrale de mes amours, de mes passions, de mon âme. J'attends la suite pour qu'une demoiselle aux grands yeux verts prenne la place de cette vision qui risque de détruire ce qu'il reste de moi.
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MessageSujet: Re: •• Back in your head | Sadie & Garry ••   •• Back in your head | Sadie & Garry •• EmptyMer 18 Sep - 21:28



J’ai fait attention, comme pas souvent, à pas prendre la tasse de Timmy. Je l’ai frôlée de la main comme je le caresse en pensées et je l’ai laissée à l’abri de mes doigts, mais pas de mes regards. Ça m’a foutu un froid dans l’âme. Je crois que mon sang coule plus froid qu’avant. J’ai envie de courir hors de la maison et je me dis que Sadie n’est pas une héroïne pour rien. Et son plus grand ennemi, c’est le quotidien. Je me regarde dans le reflet du placard pour être sûr que mes yeux sont bien secs avant de me tourner vers elle. Elle fait non de la tête. Pas de sucre. J’en prends deux dans le creux de la main. Ça me plait de lui parler de James Davids, je me sens proche de lui. J’ai envie de lui poser mille questions à son sujet, comme si ça allait me donner une chance de devenir un jour la moitié du chien par lequel il est né. J’ai mis trop d’eau dans la théière. Pour une fois, j’ai pensé à prendre les dessous de tasse pour que Sadie ait pas à nettoyer après moi, Iris serait fière. La mienne a fait ce bruit de la porcelaine qui tourne sur le bois quand je les ai posées sur la table sous  les yeux tristes mais souriants de Sadie ma Sadie Hope.

« Je me souviens. »
Super. J’me disais aussi qu’il était pas vraiment concevable d’oublier quelqu’un comme Lilith Anderson. Parce qu’il n’y a personne d’autre, comme Lilith Anderson. Enfin c’est ce que je pensais, avant de tomber sur-

« Et cette jumelle, Garry. C'est d'elle que tu viens me parler, pas vrai ? »
Je souris en ouvrant un bras vers elle. Voilà. Elle est trop intelligente pour qu’on puisse rêver de la surprendre. Une bouffée d’amour me submerge. Je suis tellement heureux de faire partie de sa vie, j’ai envie de lui dire merci. Mais je le fais pas, parce qu’il faudrait aussi expliquer pourquoi. Elle est tellement belle. Y a des vestiges de sa jeunesse encore intacts sous deux trois rêves qu’elle a pas encore retrouvés, mais qui ne sont pas bien loin. Je sursauterais presque sous la naissance de mon rire tranquille.

« Rha bah si tu me piques tous mes effets de surprise ! »
J’essaie de pas oublier l’eau qui boue derrière moi. Je regarde Sadie. Je me demande si elle me regarde des fois en se demandant quand est-ce que j’ai commencé à grandir. Si elle se dit qu’un jour j’étais un petit morveux bouclé qui courait dans le salon et que, le temps d’arriver à la cuisine, j’avais déjà l’air d’un grand garçon. J’arrive pas à me souvenir d’elle plus jeune que maintenant. Elle a toujours été Sadie à mes yeux. Et John a toujours été John. Même quand ils changent, ils ne changent pas. Je me demande si c’est pareil pour moi. Si j’étais plus Garry quand j’étais petit. Ou si je lui suffis là, comme ça.

« Tu as raison, comme d’habitude. Je savais pas, personne savait, qu’elle avait une sœur jumelle. Sephora. Anderson, hein, aussi. Sephora et Lilith Anderson, voilà. Elle a essayé d’en parler, souvent, apparemment, mais il y avait toujours quelque chose de plus urgent à faire sauf que Sadie… y a rien de plus important au monde que cet amour-là. J’te jure, si tu avais vue sa sœur. Elle est magnifique et brillante aussi, évidemment. Et le plus important, c’est qu’elle a sa place là-haut avec nous. Je crois que ton James l’aimerait bien et c’est peut-être lui que j’aurais du aller voir en premier mais il est tellement occupé, tu sais, tu y étais. »
Et puis il m’impressionne tant que s’il m’avait envoyé chier, j’aurais été capable de dire « oui oui » et « pardon » avant de rentrer chez moi à reculons.

« Alors je me disais que tu pourrais lui parler, toi. L’appeler ou même lui écrire une lettre, je lui porterai si tu veux, ça me dérange pas. Attends ça boue. »
La chaise grince quand je me lève pour éteindre le gaz. Je me brûle en remplissant les deux tasses. Quand je pose celle de Sadie, quelques gouttes tombent sur le côté. Qu’est-ce que je disais, déjà ?

« Où j’en étais ? Personne mérite d’être séparé comme ça. Ma Callie, c’est sa Sephora. Tu m’imagines, sans elle ? C’est ce que j’ai vu, quand je l’ai rencontrée et ça a fait tellement mal. S’il te plait, Sadie, tout ce qu’il faut, c’est un petit mot de toi. »
Ah oui et je t'aime. Je suis heureux d'être là. Mais ça, je le garde pour plus tard.
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