Je sens ma tête lourde, prête à exploser.
Je brûlerai le monde entier, aujourd'hui, si seulement je le pouvais.
J'aspire à voir d'autre espoir, à découvrir d'autres univers, d'autres vie.
Je me demande même pourquoi les lycéens résonnent comme ça.
Pourquoi ils placent leurs désir physique avant tout, pensant à moi. Ou à cette autre fille là.
J'aimerai pouvoir leurs hurler, qu'une fille n'est pas qu'une simple poupée.
Qu'une chose qu'on peut prendre et jeter, à volonté.

Qu'un simple corps sans esprit, qu'il suffit d'être jolie pour qu'ils voient que vous êtes mieux.
Mieux que la première, qui avait de trop petites jambes, qu'on ne pouvait pas assez caresser.
Et elle, là, ses yeux ? Non, ça ne le faisait pas, ils ne ressemblaient pas à ceux de Keira.
Je les frapperai tous, les tuerai, écraserai, si j'étais aussi déchainée qu'une Royal Pain énervée.

Je soupire d'une vie que je hais, et me déteste de connaitre trop le monde,
de savoir ses secrets alors que je n'ai rien demandé.
Le monde un jour ? Il ne verra pas que je ne suis pas destinée à tous ça. Être quelqu'un de grand.
J'enfante les rêves de n'importe qui, les portent en moi, et je ne sais même pas pourquoi.
Je ne sais pas qui est à l'origine de mon mal-être, de cet enfant qui me bouffe de l'intérieur.
Je ne mérite pas d'avoir un cœur. Je cesse de respirer, me retrouve sur le sol, comme toujours.
Purity est à terre, pour toujours et à jamais.


- Ne me dis pas que tu vas te mettre à pleurer ?


Je le regarde, le trouve impressionnant. Je tremble de sa voix détachée.
Me demande comment il fait pour être si distant, si content.
Je l'envie de savoir n'être que lui. Et le pire, c'est que je le vois, qu'il est bien comme ça.
Il est bien, le ressent, et mon cœur pleure d'être l'opposé de celui qui bat dans ce corps, là.
C'est sa phrase, je crois, qui me donne envie de pleurer. Mes pensées elles, ne me disaient que de crever.
Mais même ça, crever, je ne saurais pas.
Mon esprit, dans un dernier soupir, me dirait que je ne suis pas une bête.
Que je ne suis pas un monstre, que les filles pures comme moi, elles ne crèvent.
Elles vivent, et le jour de leur mort ? Elle s'élèvent, et partent, seulement.
Comme un grand euphémisme.
Comme quelque chose de beau, d'unique. C'est ça, tu vois, qui me ferais pleurer.

Mais promis, je t'épargnerai la vue d'une Purity affolée, emplie de larmes inavouées.
Mon corps -cœur- jamais ne se fera plaindre par un danseur endiablé, surtout pas sur ses pas rythmés.


- Promis, je t'épargnerai.
je n'ai pas envie de faire pitié a ce danseur qui me semble beaucoup trop expérimenté.

Non, s’il vous plait, pas de pleurs, aujourd’hui, pour changer, j’ai juste envie de m’amuser. De rire autant qu’elle semble vouloir pleurer.
Allez Keira on se réveille, on fait comme si on aimait existé. Souris à cette putain de vie que tu sembles si détester.
Je la regarde toujours, me demande pourquoi elle est toujours assise par terre, à l’agonie. Je n’en peux plus des gens qui souffrent comme un rien …

Puis pourquoi elle ? Ce sont toujours les plus jolies qui semblent les plus torturées. A croire qu’elles m’attirent juste parce qu’elles sont détraquées, dans le fond.
Mon dieu, qu’est-ce que je suis con.

- Promis, je t’épargnerai.

Oh c’est trop bon, même sa voix prouve sa pureté, ça me surprends à chaque fois que je l’entends parler.
Alors c’est donc, vrai, n’est-ce pas ? Keira ne se surnomme pas Purity pour rien.
C’est surprenant comme quelqu’un peut sembler aussi doux que ça. Je suis certain que de ma vie, je n’ai jamais vu cela.
Il n’y a qu’a Savior High, qu’on peut voir des spécimens comme elle.

J’ai envie de rêver, Keira, tu sais. Réellement. J’ai envie de rêver et de faire semblant.
De te montrer pourquoi c’est moi Wild Dancer et pas un autre. Pourquoi ils disent qu’ils sont dangereux.
J’ai envie, en réalité, de m’amuser avec toi … Juste comme ça, l’espace de quelques secondes.
D’essayer de voir mes rêves se décrire sur ton visage. Que tu sois la première à voir, sans même y croire réellement.
Et si … ? Aller. Je me lance comme je pense qu’il faut le faire.
Mon fantasme le plus fou, mon espoir le plus grand ? Montrer mes griffes au monde et danser comme jamais.
Je rêve de saigner peu importe la personne qui se placera devant mon pouvoir. Je suis invincible, tu sais ?
Vois Keira, quel mal je pourrai provoquer, si le monde n’était pas aussi con qu’il l’est.

- Tu es la première à le savoir, et bizarrement, je sais que tu tiendras ta langue pure dans ta bouche.

C'est juste pour rigoler, tu sais.
On s’amuse d’une vie que tu sembles détester.

J'ai mal au ventre de rester assise et de voir le monde saigner à travers son esprit.
Je veux qu'il arrête de faire cela, parce que je sais qu'il le fait exprès.
Bon sang, Morgan, je te hais.
J'ai mal au cœur, encore plus saigné que d'habitude je ne veux pas voir le monde crever.
Je suis la seule qu'il faut achever.
Aller, griffes-moi. Défoules-toi.

Je ne veux plus voir cela, je ne sais pas, je crois que c'est encore pire que de les voir fantasmer sur moi.
Morgan, je t'en supplie, arrêtes-toi. Arrives enfin à l'épilogue de cette vie, celle où tu serais devenir grand pour les plus mauvaises raisons qu'il soit.
Je ne veux pas, et je suis prise d'un espoir nouveau, à cause de toi. Jamais je ne te laisserai devenir comme ça.
Je t'empêcherai, même si pour cela tu dois m'abimer.
Si tu savais à quel point je m'en fiche de ne plus ressemble à une poupée.
Tu as peur, Morgan ? Moi, tu m'effraie, je t'en prie, stoppe ça.


- Tu es la première à le savoir, et bizarrement, je sais que tu tiendras ta langue pure dans ta bouche.


J'aurai aimé être la dernière. Ou alors, ne pas le savoir aujourd'hui.
Ne pas encore une fois me retrouver comme la petite fille en détresse, comme celle qui subit.
Je déteste cette vie.
Si je te demande de me sauver, tu le feras ?
La plupart du monde me le promet, mais à la vérité, je n'y crois pas. Je n'y crois plus.
Je n'ai plus envie, plus du tout. Je ne veux rien, juste tout arrêter, que cette journée signe la fin de ma vie.
Et apparemment le début de la tienne.
Qu'on tue cette Purity, cette fille si dénudée dans leur esprit. Si loin de moi.
Morgan, tu ne peux pas arrêter cela. Et même l'insulte à mi-mot dite envers ma langue ne fait pas mal.
J'ai déjà mal, je me consume, j'expire la pire des fumées, celle de leur pensée.
Ma vie est un enfer et personne ne saurait en faire un paradis, même pas Mr Nobody.


- Laisses-moi, tu veux ? Va impressionner quelqu'un d'autre. Va essayer de casser une autre âme.


Tu ne vois donc pas ?


- Je suis déjà brisée.


Laisses mon monde s'écrouler, de toute façon, il ne mérite pas d'exister.

J'attends sa réponse, me réjouissant fièrement intérieurement de la peur que je peu provoquer.
J'espère un peu c'est vrai, qu'elle sait que je ne fais que déconner.
Je veux dire que la première personne qui devra souffrir par moi, c'est certain ce ne sera pas Keira.
J'incline le visage, fronce les sourcils, me demande un peu si elle va pleurer.
Je crois que jamais je ne comprendrais ce genre de personnes, celles qui ont du mal à exister.

- Laisses-moi, tu veux ? Vas impressionner quelqu'un d'autre. Vas essayer de casser une autre âme.

J'essaie rien de rien mademoiselle, vous savez. Même Bam pourrait vous le raconter, ce que j'entreprends, ça fonctionne rarement.
J'suis le roi des bras cassés, mais bordel, je suis un roi de toute beauté.
Je sais même plus ce que j'avais en tête au début de cette conversation, peut être que c'était juste une envie de faire le con.
Je me suis dis : Tiens, aujourd'hui, je révèle à quelqu'un qui je suis.
A la vérité, je ne sais même pas pourquoi c'est toi que j'ai choisis.
Peut être pour tes yeux, ou tes jambes, j'ai pas encore décidé ce qui fait que je suis excité.

- Je suis déjà brisée.

Je me sentais bien il y a quelques minutes, avant qu'elle parle.
Je me disais même que c'était vrai, elle a en elle ce truc de parfait.
Ouais, je me sentais comme grand, plus que vivant. Peut être que c'est elle qui a provoquer ce changement.
C'est peut être un de ses pouvoirs cachés. Ou alors, rends-toi à l'évidence, Morgan, c'est juste ce qu'elle est.
Une biche perdue au milieu de nulle part, avec son cœur en bandoulière et son âme qui traine derrière.
On ne peu pas torturer Keira, c'est évident, elle se torture déjà, c'est écœurant.

- Tu fais peine à voir.

C'est tout ce que j'ai trouvé à répliquer, avant de me dire que ça aurait été mieux si j'avais dis :
Un jour, je t'apprendrais à danser.
Et puis je me surprends à penser que je les comprends, que rêver d'elle ce doit être le pied.
Mais qu'il faut lui parler pour comprendre qu'elle n'a rien d'une poupée.

- Allez, tu me fais un sourire, si je te promets de ne jamais nous imaginer dans le même lit ?

J'suis pas normal de dire ça. Bordel, abattez-moi.
Je lui sors un sourire tout droit sorti d'une publicité pour un dentifrice mentholé.

- Promiiiiiiiis !

Que j'ajoute en dernier, avant de m'assoir à ses côtés.

J'oublie ses griffes, j'oublie ses pensées, je m'apaise de ne plus l'entendre espèrer, tandis que je ferme les yeux pour attendre qu'il me laisse tranquille, dans mon coin à agoniser.
Après tout, je sais qui il est, pour l'avoir entendu hurler deux ou trois fois dans les couloirs du lycée. Et je doute sérieusement que Morgan Cox soit du genre à prendre parti pour les cas désespérés.
Surtout pour une fille qu'on appelle Purity, il est réputé pour les aimer plus déshabillées.
J'ai envie de rire de penser cela, me dis que s'il a pu m'effrayer, j'en viens à me dire que je n'aurais aucune pensées sérieuses tant qu'il en fera parti. Comme si c'était réellement possible que quelqu'un me fasse cet effet.
C'est surement parce que je suis épuisée. Épuisée de vivre et d'écouter. C'est pour cela que j'ai toujours les yeux fermer lorsque je l'entends prononcer.

- Tu fais peine à voir.

Merci, j'adore savoir que je fais pitié.
Je pourrais lui dire, c'est vrai, mais je n'en ai pas la force et puis je suis encore étonnée de savoir qu'il n'est pas parti.
Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs, j'ai envie de lui hurler de me laisser, que je sais comment faire pour mourir en paix.
Que j'ai appris à me détruire avant qu'il ne sache comment me montrer qu'il pourrait danser avec le monde entier. Le torturer et l'abimer.
Je ne suis pas prête à l'être encore, je voudrais seulement qu'il s'en aille, que la vie s'efface que mon cœur n'ait plus peur de battre.

Un jour, je t'apprendrais à danser. Je le regarde, fronce les sourcils, ne comprends pas ce retournement de situation.
Si c'est une ruse pour me blesser, je ne suis pas prête à l'encaisser.
De toute façon, je ne suis pas intéressée ... Par les cours de danse imaginés. Je suis certaine que dans le fond, il le sait.

- Allez, tu me fais un sourire, si je te promets de ne jamais nous imaginer dans le même lit ?

Il y a un truc simpliste dans sa voix, comme une certitude qu'on ne peut pas lui enlever. Un truc qu'il a d'encré. En lui et qui j'aimerai s'encre un jour en moi.
Une prétention à toutes épreuves, une envie qui fait que jamais il ne pourrait se tromper, c'est étrange comme j'ai l'impression de savoir que c'est vrai.
Même dans ses pires bêtises, Morgan serait sur de lui, bon sang ... Je l'envie.
Je voudrais pouvoir sourire, mais tout ce qu'il fait me permets de me rappeler que jamais je ne saurais aussi bien vivre comme il le fait.

- Promiiiiiiiis !

Qu'il me dit comme un cris avant de venir me rejoindre à terre. Si un jour on me l'avait prédis, j'aurais surement ris.
Proche de lui, je soupire malgré moi, sachant qu'un simple sourire me délivrera.
Alors je l'essaie, je le tente, je le fais, je souris pour lui faire plaisir, priant pour qu'il s'en aille après cela.
Pour que la vie reprenne sa course et que l'on fasse comme si de rien était, comme si Morgan ne m'avait jamais rencontré.
J'attends sa sentence, savoir si j'ai été assez convaincante, si ce sourire me délivrera. Comme une prière muette, oui j'attends, me disant qu'il sera surement clément.
Qu'il ne m'en tiendra pas rigueur et qu'il me laissera tranquille pour que puisse se calmer mon cœur.

- Comment tu fais ... ? Pour être toujours comme ça ?

Je voulais qu'il s'en aille, c'est la pure et simple vérité. Et pourtant je n'ai pas pu m'empêcher de demander.
Satisfaire une curiosité que je ne me connaissais pas, comme si on échangeait les rôles et que la bête de foire ne soit pas moi, mais lui cette fois.
Je m'en veux de faire cela, alors je soupire avant de me résigner.

- Laisse tomber, j'ai souris, tu peux partir sans regret.