Le parfum fugace d’une autre nuit naissante trace son chemin, court dans mes veines. Il esquisse de ses ombres un sillage fait pour mes pas ; répand sur son chemin la promesse d’un nouveau lendemain, puisque son tribut de sang lui sera payé ce soir, de mes mains.

Et si le crépuscule s'abat sans bruit, c'est qu'il sait. Il sait que j'existe et saigne, susurrant d'un air atroce une symphonie qui prévient et se fout des serments vide de sens auquel j'impose mon préceptes comme seule évidence.
Mes morts se veulent belles, lorsque l’absolue nécessité de mes desseins transcende les tourments d'un peuple entier, rendu sourd à cette vérité qui leurs échappe tant elle les effraie. Mes morts sont des offrandes faites à la vie, ma contribution à la survie du monde : que la logique trépasse s’ils venaient à ne plus suffire.
Si l’humanité apprend à certains enfants à courir avant de leur enseigner comment marcher, c’est pour se convaincre qu’elle peut lutter contre la fatalité. Mais cette absurdité ne peut rien y changer. Courir de sert à rien, lorsque l'heure à sonner.

Le silence s'abime autour de moi lorsqu'un rire cristallin s'élève, faisant flancher la grâce d'un crépuscule divin. Elle rit comme elle chancelle, soufflant des atrocités à mon esprit de ses éclats de vie, salissant un silence presque religieux, celui précédent la mort.
Et la mort sur son visage succède déjà à ses rires quand mes yeux ne m'imposent qu'elle. La mort que je vois valser contre sa peau et m'imposer sa logique, jusqu'à faire taire son rire qui ne me parvient déjà plus.

La mort appelle mes doigts qui tremblant, trahissent mon impatience. Elle écrit que la blonde et son rire mourront ce soir, puisque ma loi m'a voulu ici, témoin de son rire. Et elle signera de son sang une aurore rougeoyante, laissant le soleil de lever une nouvelle fois.
Elle sera la suivante.

Mais elle me regarde et semble savoir, connaître son sort. Elle étire ses lèvres d'un sourire malsain lorsque résonne en moi une pulsion sauvage, sifflant à mon oreille un ordre venu d'ailleurs.
« Poignarde-toi. »