D'une main, j'esquisse un gun. Je vise, ferme un oeil. La tension est à son comble et POW, l'ampoule explose dans un fracas. Le lampadaire git, dénudé, dans la nuit. Un sourire pour le public absent. Une révérence pour mes fans intérieurs. Me voilà on the road, vers une soirée non préméditée. Où que je sois, le party suis mes pas. C'est ça d'être comme moi. L'électricité statique attire le fun et les gens sexy. Parce que s'il m'arrive d'être politiquement correct, je n'en suis pas moins un être sexuel et mon corps réclame de l'attention. Une étincelle entre deux peaux et je frissonne d'anticipation.

Je me dirige là où les corps balancent et l'alcool coule à flots. Là où on connaît mes préférences d'un claquement de doigts. Pas besoin de repousser celles qui croient pouvoir me faire changer. Je peux être un homme, un vrai, sans baver à la vue d'une paire de seins dans un haut trop serré. D'ailleurs, je pourrais jurer que ces choses là, c'est plutôt inconfortable, ça gigote dans tous les sens et ça deviens embêtant quand ils sont si voyants qu'on ne peut plus regarder la fille dans les yeux. Et quand je dis on, ça exclue Mr Voltage qui n'en a vraiment rien à faire au final.

Mon corps est brûlant de toute cette énergie prête à exploser. Je veux simplement m'amuser. Il y a tout un monde derrière les projecteurs et j'aime flirter avec l'ombre. Marcher sur la ligne pour qu'on parie de quel côté je vais tomber. Erreur! Je serai partout à la fois. Prouvant qu'aucune boîte électrique ne peut me contenir. Sous haute tension, j'attire l'attention.

Aux abords d'un bar où des mecs à en baver font la file, je me dis que ceux à l'intérieur sont probablement encore mieux. Curieux de savoir si ma théorie est véridique ou fantaisiste, je fais un signe de tête au doorman. Alors qu'il gonfle ses bras, tentant d'impressionner le fabuleux Jazz Seene, mon attention a été détournée. Pas bien loin, se trouve quelqu'un dont le sifflement clash avec mon champ de tension, avec mon aura. Un vieux pote qui n'en est pas un. Je sens sa présence, son danger.

Tout ça m’excite. Infiniment plus que la possibilité d'un beau mec dans un bar. Je tourne le dos aux ivrognes à en devenir et je fais face à l'imprévisible. Gaël Soft, Snake. Un homme comme lui ça ne se rencontre pas deux fois dans une vie.

Dans la ruelle derrière le bar, je sens son odeur. Celle de sa peau aussi lisse que les écailles de sa personnalité. De dos, il a des airs badass, ses cheveux coupés courts, sa nuque qui appelle le regard. Quelque part plus bas se tiennent immobiles, deux hanches qui ondulent généralement d'une marche purement sexuelle. Damn, Soft, t'as rien perdu de ton sex appeal.

« Gaël, my man. Long time no see. »

Il est temps de faire face à ton passé, à ton vieux pote qui en sait un peu trop. Dis-moi que le serpent dans ton dos ondule au ton de ma voix. Un sourire crève sur mes lèvres. Parce que Gaël, c'est pas le genre de pote qu'on embrase sans prévenir. Seene et Soft réunis, si ça se sait, ça risque de faire parler. Mais je suis loin d'avoir honte de toi, mon homme.