La voix de mon père à travers les roseaux
Chante en latin des fables coupées au ciseau
Sous les ponts de nos enfances mélancoliques
Sied la vérité des proverbes en italique


Les perles de maman ont perdu leurs plumes
Dans une débauche en soixante treize volumes
Les stériles branches autour de ses tendres poignets
Font taire les génocides de nos juillets


Les multiples accords des verbes oubliés

- Nelly ?

Mutilent notre histoire de mensonges broyés
Les boucles blondes de maman reposent au sol
Comme tant de fils roux dispersés par Éole


Mon frère brise les ailes des hirondelles
Pour en pour en faire des poèmes sans voyelles
Une carte postale pour son égomanie
L'informant  que « La misère est infinie »


Les battements hors tempo de mes sales cils
Font vivre une tempête dans mes neurones indociles

- Quelle misère, ma jolie ?

Mon père est sans cesse diplômé chevalier
Nouant à un voilier les lacets de mes souliers


Dans mes cheveux grimpent les feuilles du passé
Horreur de cet automne aux couvertures froissées
Des ongles de satin saignent ma verte nuque
Ne savent-ils pas que « C'est la faute de l'archiduc »


À la commissure de mes lèvres lyriques
S'abandonne l'allégorie d'une Amérique
Le combat a rasé les jardins de décembre

- Tu pleures.

On m'a déjà dit que « Le monde est à pleurer »