Ses pas s'accélèrent au rythme de son souffle, on devine qu'Evan aujourd'hui, il est pressé.
On se demande ce qu'il se passe, ce qu'il fait. Pourquoi le monde semble s'être arrêté de bouger alors que lui sent son coeur battre comme jamais.
On croirait qu'il a peur, cela se décrit sur son visage trop poupin pour ses vingt sept ans. On dirait qu'il est en quête, vraiment.
Ses pas ne s'accélèrent plus maintenant, parce que le rythme se fait plus grand. Putain, il n'attend pas, il court presque déjà.
Il n'a pas le temps de penser, pas le temps de se dire qu'il ne ressemble à rien, là, à courir à moitié. Il devrait faire un choix.
La marche rapide ou la course folle, il ne sait pas, il passe sa langue sur sa bouche, la plus belle des deux, si sa beauté diffère vraiment lorsqu'il change de visage.
Ce qu'il ne fait pas souvent. Il a envie vraiment, quelques minutes en étant un gamin insouciant, bordel, il va courir, oui, et ce contre le temps.
Il joue sa vie presque, ou plutôt c'est ce que le spectateur ressent, il retient son souffle à défaut de le calquer au sien. S'il voudrait le calquer, il aurait surement l'impression de suffoquer.
Son visage se tord, en un sourire peut être, c'est comme si ses expressions n'était plus assez nettes pour être décrites, il tend le bras, chercher à attraper quelque chose.
Il semble sourire, à présent tandis que sa course se termine et qu'il passe la tête la première dans la machine de fer. Tout ce suspense pour cela.

Evan a eu son tramway, quoi.

Il avance d'un pas lent à présent, luttant pour rester droit dans la machine qui vacille un peu. Fier de lui, il passe sa main dans ses cheveux.
Fier de lui, oui, il sourit un peu à n'importe qui. Et puis il voit, pour en être sur, il cligne des yeux deux fois.
C'est bien lui, oui, il en est sur, certain, putain. Le grand brûlé, estropié par une vie qui l'a trop brisé. Bordel, Cam brillait si bien, avant. Un grand, faussement méchant. Un simple grand.
Forrest lui dit encore parfois, lui conte sa grandeur en étant chapeauté de fleur, il lui avait murmuré que l'homme qu'il est était bien loin d'être coupable, plutôt cent fois innocent.
Il incline le visage, s'approche de lui, se sent un peu petit, mais ne dis rien, l'histoire d'Evan, elle est si simple à côté de celle de Cam.
Il ne sait pas quoi dire, mais voudrait marquer le coup, lui dire n'importe quoi, que ce n'est pas un méchant, même s'il ne comprend pas tout dans tout ça.
Et puis, si Forrest l'adore encore, c'est qu'Evan peut en faire autant, son rythme cardiaque retrouvé, ce n'est plus un enfant, il ne court plus et se trouvant devant Cam, il en devient un peu plus grand.
Et alors qu'il voudrait dire quelque chose de drôle, de rechercher, quelque chose qui ne pleure pas la vie, sa dureté, quelque chose à écrire dans un livre d'or ...

- Si tu prends le tram', c'est que l'espoir est mort.