Arraché à un instant imparfait coloré de la plus troublante des dualités jamais rencontré, j'use le sol de mes pas, faute de pouvoir m'échapper.
Ella, mon Ella, tu devrais être ici avec moi, pour voir tout ça.
Tu verrais cet océan de lumière tout aussi percutant que l'obscurité dont elle s'habille, même en pleine journée. Ce rêve est un théâtre virulent de sentiments, qui peuvent te percuter sans que tu ne puisses les analyser, ni même les assimiler. Et avant même d'avoir eu le temps de les cerner, elles s'envolent sans que tu ne puisses les rattraper.
Ce monde est un théâtre mon Ella. Un théâtre aussi merveilleux qu'épuisé par des maux imaginaires qui font le trembler tout entier.
Là-bas, il flottait dans l'air une sensation d'ébullition tout empreinte d'un sentiment que je ne connais pas, et qui semble défier le cours du temps. Je n'ai eu le temps que d'apercevoir des larmes bercés par des cris, nés d'une chimère appelé danger.
Estropiée, toute une foule aux yeux écarquillés de ne savoir où se poser tremblait d'un je-ne-sais-quoi que je n'ai pas eu le temps de l'éprouver.
Est-ce dont cela, la couleur du chaos ? Laissez-moi y goûter, le sentir sur ma peau, le comprendre, m'en imprégner.
Nous ne risquons rien, si ce n'est le réveil, croyez-moi.
Rien de ceci n'est après tout, la réalité.
Mes mains ne tiennent plus en place, naviguent de mon visage à mes cheveux, depuis que l'homme d'acier à décidé de nous retenir prisonnier, loin d'un monde qui semble saigner sans que je ne puisse comprendre la raison de sa propre destruction. La situation m'échappe autant qu'elle me ravit, tant je devine les nouvelles sensations que jamais, je n'aurais pu imaginé.
Je mords ma lèvre, dans l'attente d'un signe qui me conduirait vers des sensations aussi nouvelles qu'encore non élucidés. Je cherche la faille de cette chimère bien trop rude pour être vrai. Mais faute de pouvoir me confronter à un monde où grouille les pleurs et les hurlements, j'abime mes espoirs dans une prison de fortune, dont je ne peux m'évader.
Ici, le fort est gardé, protégé, et l'allégresse des lieux trouve son reflet dans une grande paire d'yeux rieurs éclairé par une tornades de mèches dorées, et dans des muscles qui semblent se tendre d'impatience, comme taillés pour se battre et le savourer.
« Doit-on vraiment rester ici ? »
Arrêté au milieu du bus, ma tête se tourne vers l'étudiante du fond dont la blondeur me renvoie à une autre, plus belle et plus parfaite encore que nul autre ne le serait, avant de la quitter des yeux pour aller fixer la silhouette de notre conducteur improvisé.
Comment pourrais-je goûter ce monde si l'on m'en tient éloigné ?
Ella, à quoi ressemble-t-il donc, ce monde là ?
« Toi, je suis certain que tu rêves de quitter ce bus tout autant que moi. » je lance à l'homme seulement armé d'une crosse et d'un regard de glace.
Laisse-moi aller découvrir l'horreur de votre vie et sa beauté.